Archives de catégorie : Communiqués

Accord interprofessionnel du 20 décembre 2022

Illustration de Camille Ulrich

Discours de Frédéric Maupomé, secrétaire général de la Ligue des auteurs professionnels, le 20 décembre 2022 au Ministère de la Culture, pour la signature de l’accord interprofessionnel auteurs-éditeurs.

Madame la Ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak,
Monsieur le Président du SNE, Vincent Montagne,
Monsieur le Professeur Pierre Sirinelli,
Madame Sarah Dormont,

L’accord qui nous réunit aujourd’hui est un accord important.

Important pour la Ligue des auteurs professionnels qui signe, après quatre années d’existence, son premier accord interprofessionnel, en tant que syndicat représentatif des auteurs et autrices du livre.

Accord important pour les auteurs et autrices, qui obtiendront des avancées techniques, attendues depuis longtemps et qui nous permettra notamment plus de transparence, et donc plus de confiance entre auteurs et éditeurs.

Mais si cet accord est important, il est malheureusement aussi un rendez-vous manqué.

Alors que la rémunération des auteurs devait être au cœur de cette deuxième mission, aucun compromis n’a pu être trouvé sur cette question fondamentale.

Pourtant, la question d’une plus juste rémunération des auteurs et autrices est plus que jamais d’actualité.

Elle était déjà d’actualité quand le président Emmanuel Macron annonçait il y a deux ans, dans son discours à Angoulême, vouloir « mieux organiser ce monde commun entre les auteurs, les éditeurs, les libraires ». Il demandait alors « de donner plus de visibilité aux auteurs dans le temps, une rémunération plus juste » et « que l’on repense un petit peu le modèle économique en étant respectueux de chacun ».

Elle était aussi d’actualité il y a 8 mois, quand Madame Roselyne Bachelot signait cette deuxième lettre de mission.

Elle était encore d’actualité le mois dernier quand le Conseil d’Etat censurait une transposition incomplète d’une directive européenne par le Ministère de la Culture et affirmait le droit des auteurs et autrices à une rémunération appropriée.

Je me demande toutefois si cette question restera d’actualité jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’auteurs et d’autrices, ou si les seuls qui resteront seront celles et ceux qui pourront se le permettre.

Parce que la question de la rémunération des auteurs et des autrices ce n’est pas seulement quelques auteurs qui gueulent pour être plus payés ; c’est aussi de savoir quelles sont les voix qui ont les moyens de s’exprimer ; quelles sont les voix que notre société accepte d’entendre : un jeune fils d’ouvrier, une mère célibataire pourront-ils s’offrir ce qui sera, ce qui est déjà un luxe, à savoir : écrire, oser avoir une voix et essayer de la faire entendre.

Parce que sans une juste rémunération des auteurs et des autrices, nous sommes condamnés à n’écouter que la voix des conjoints de, des fils et filles de…

Notre lutte, en tant que syndicat d’auteurs et d’autrices, c’est bien avant tout celle-là.

Cette mission a prouvé que la négociation collective ne peut pas tout, et nous demandons, Madame la Ministre, un engagement fort de votre part.

Au-delà de l’empilement de rapports que nous avons connu, rapports qui pointaient tous la terrible dégradation des conditions de vie des auteurs et autrices, il est temps d’agir, et le calendrier est favorable pour au moins deux raisons.

D’une part, nous sommes à la veille d’un projet de réforme du Code civil extrêmement important pour les contrats spéciaux. Ce projet clarifiera et modernisera demain des dispositions datant de 1804. Il devra nous permettre d’aboutir prochainement à un encadrement plus visible et une meilleure rémunération du travail de création, quand celui-ci est commandé.

D’autre part, la décision capitale du Conseil d’État oblige le législateur, et nous oblige tous, à agir pour un nouveau partage de la valeur, un partage plus juste et plus “approprié” pour les auteurs et autrices.

Par ces deux projets, votre ministère a une chance historique de redonner aux auteurs et autrices leur juste place. Nous vous demandons, Madame la Ministre, d’être ce qu’aucun de vos prédécesseurs n’a été capable d’être depuis 50 ans : la Ministre des auteurs et des autrices.

Et, parce qu’il faut parfois rappeler des évidences, sans auteur, sans autrice, il n’y a pas de livre, pas d’éditeur, pas de libraire. Sans une véritable rémunération juste et appropriée du travail de création, il n´y a tout simplement plus d’œuvre et sans œuvre nouvelle, le Ministère de la Culture sera réduit à être le Ministère du Patrimoine.

COMMUNIQUÉ du 24 novembre 2022 Part collective du pass Culture

COMMUNIQUÉ du 24 novembre 2022

Part collective du pass Culture :
maltraitance des artistes-auteurs et autrices !

La part collective pass Culture permet aux établissements scolaires (lycées et
collèges dès la 4e) de financer des projets d’Éducation Artistique et Culturelle (EAC).

Ce dispositif est souvent utilisé pour financer des lectures, des ateliers d’écriture ou de pratiques artistiques, des rencontres dans les classes avec des artistes-auteurs et autrices.

La plateforme Adage permet aux enseignants de réserver les offres collectives proposées. Mais pour parvenir à y poster une offre collective, l’intervenant·e doit voir son dossier validé d’abord par les équipes du pass Culture (ministère de la Culture), puis par les rectorats (DAAC : ministère de l’Éducation Nationale).

Or de nombreux témoignages nous parviennent, révélant de graves dysfonctionnements quant à l’accès des artistes-auteurs et autrices à ce dispositif.

1. La lourdeur de la démarche de validation et de référencement

Cette double démarche est complexe et trouble, avec des justificatifs à fournir
plusieurs fois de suite, et occasionne en pratique des semaines, voire des mois d’attente, si bien que nombre d’artistes-auteur.ices finissent par renoncer.

2. Une inégalité de traitement patente

D’après plusieurs témoignages, certaines académies ferment purement et
simplement la porte aux AA. La raison ? Une grave confusion concernant leur régime : « La rémunération sous forme de droits d’auteur n’est pas possible », lit-on un peu partout dans les communications du pass Culture à propos des offres collectives. C’est une erreur !

Un·e AA peut, avec un numéro de Siret, facturer et percevoir des rémunérations artistiques, dont relèvent l’EAC et donc les actions du pass Culture, et ces rémunérations artistiques peuvent très bien être des droits d’auteur quand une œuvre est diffusée.

Suivant cette interprétation erronée, certaines équipes locales du pass Culture et/ou certains rectorats exigent des AA d’être adossé·es à une autre structure (association, médiathèque, …) pour poster des offres. C’est à la fois lourd, complexe et sans aucun fondement juridique.

3. Un intermédiaire faussement obligatoire pour les AA du livre : le CNL

Toujours suivant cette même confusion, certaines équipes locales renvoient exclusivement les AA vers le CNL, qui serait leur « interlocuteur sur la question » (selon une équipe locale du pass Culture).

Or le Centre National du Livre n’a nullement été mandaté pour gérer toutes les offres collectives de tous les AA, qui doivent rester libres de s’inscrire, ou pas, dans le dispositif proposé par celui-ci. D’autant plus que ces « masterclass CNL » ont aussi leurs dysfonctionnements :

Une dénomination inappropriée. Une véritable « masterclass » est un cours de
perfectionnement proposé par un expert. Il ne correspond guère aux lectures et rencontres en établissement scolaires, ni dans le contenu, ni dans le tarif.

L’artiste-auteur·ice n’est pas référencé ! Le flou est tel dans ce dispositif que nombre d’AA croient se faire référencer en tant qu’eux-mêmes sur Adage quand ils
remplissent le formulaire du CNL. Or, il n’en est rien. Seul le CNL est référencé, et poste luimême les offres des auteurs et autrices, à leur place.

Peu de souplesse. Les artistes-auteurs et autrices qui ont réussi à se faire référencer témoignent de la facilité à poster seul·e une offre collective, et du soulagement à en maîtriser tout : descriptif, dates, tarif… Ils témoignent aussi de la rapidité du paiement. Exactement tout ce qu’on n’a pas quand on passe par le CNL.

Une perte d’autonomie des AA. Le prétendu intérêt de cet intermédiaire est de ne pas contraindre l’AA à posséder un Siret, alors même que l’autonomisation des artistesauteurs s’inscrit toujours plus nettement dans des pratiques de facturation avec Siret, imposées légalement par Chorus Pro, les rectorats, les gestionnaires de collèges et lycées, les agences comptables, etc. avec qui nous avons toujours à faire, en dehors du pass Culture.

En conclusion, nous demandons que ces règles de validation et de référencement soient rapidement simplifiées et clarifiées nationalement. Il en va de la facilitation des projets d’EAC sur tout le territoire, mais aussi de la défense des droits des artistes-auteurs et autrices qui se voient, une fois de plus, maltraité·es.

Victoire : nous avons bien droit à une rémunération appropriée !

Communiqué de la Ligue et du CAAP

Victoire : les artistes-auteurs et autrices ont bien droit à une rémunération appropriée !

Le Conseil d’État vient en effet d’annuler une ordonnance du ministère de la culture qui niait ce droit. Alors que le gouvernement français devait transposer ce droit à une « rémunération appropriée et proportionnelle », rendu obligatoire au niveau européen, il avait réduit cela à la seule rémunération proportionnelle, déjà existante en droit français…

La Ligue des auteurs professionnels et le CAAP avaient constaté cette mauvaise transposition et n’avaient pu obtenir du ministère qu’il corrige cette erreur manifeste.

Face au mépris de l’institution censée défendre les artistes-auteurs et autrices, la Ligue et le CAAP n’ont eu d’autre choix que de saisir le Conseil d’Etat via un recours pour excès de pouvoir.

Le 15 novembre 2022, le Conseil a rendu sa décision : il annule en partie l’ordonnance, considérant qu’elle ne reconnaissait pas aux auteurs et autrices ce droit à une rémunération appropriée.

Nous demandons maintenant au gouvernement de transposer à la lettre dans le droit français cette obligation européenne. Sans quoi il confirmerait qu’il s’oppose à l’un des droits les plus élémentaires des artistes-auteurs et autrices : être rémunérés pour leur création de manière appropriée.

 

 

 

Assemblée générale de la Ligue : 16 juin 2022 à 17h !

 

Chères adhérentes, chers adhérents,
Nous vous invitons à bloquer dans vos agendas la date du jeudi 16 juin 2022 ! Notre assemblée générale se tiendra en live à partir de 17h.
Au vu des circonstances sanitaires encore particulières et pour rendre cet événement le plus inclusif possible, notre assemblée aura lieu en ligne, de manière à permettre à toutes et tous d’y participer.
Rdv sur notre chaine YouTube ! Vous pourrez communiquer via un espace de discussion prévu à cet effet.
Merci de votre présence,
L’équipe de la Ligue

Le Syndicat National de l’Édition méprise les auteurs

Communiqué du 5 avril 2022

Le Syndicat National de l’Édition soutient les libraires… et méprise les auteurs !

Toujours privés de statut professionnel, les auteurs et autrices resteront-ils les maillons faibles de la chaîne du livre ?

Si le Syndicat National de l’Édition négocie avec tous les autres partenaires sociaux du livre, la question de la rémunération pour les auteurs et autrices a été balayée d’un revers de main.

Aujourd’hui, les groupes Editis et Gallimard ont pris une décision forte en faveur de l’écosystème du livre, en s’engageant à ce qu’aucune librairie ne soit rémunérée en-dessous de 36 % du prix de vente de leurs livres à compter du 1er juin pour Gallimard et du 1er juillet 2022 pour Editis.

La Ligue salue cette décision en faveur des libraires, qui montre la possibilité d’un dialogue social aboutissant à des décisions protectrices en matière de rémunération. Elle souhaite toutefois exprimer sa consternation devant cette nouvelle démonstration du peu de considération des grands groupes éditoriaux à l’égard des auteurs et autrices.

Alors que le taux minimum de 10% pour les auteurs et autrices avait été considéré comme contra legem par le SNE qui jugeait la mesure contraire au droit de l’Union européenne et au droit de la concurrence, on apprend que, finalement, les rouages du droit sont plus malléables qu’ils n’y paraissent.

D’une main, le SNE flatte les libraires, de l’autre, il étrangle les auteurs. Drôle de monde que celui où les maisons d’éditions soutiennent l’activité des libraires tout en oubliant délibérément de reconnaître le droit à une rémunération plus juste pour les créateurs et créatrices à l’origine de l’ensemble de leur activité.

Car pendant les neuf mois qu’aura duré la mission de médiation confiée par le ministère de la Culture au professeur Pierre Sirinelli, la Ligue des Auteurs Professionnels n’a pu que constater la réticence du Syndicat National de l’Édition à aborder les conditions de rémunération des auteurs et autrices.

Tout au long des concertations, le SNE a soigneusement évité le sujet, prétextant favoriser d’autres aspects de la négociation. La mission est ainsi arrivée à son terme sans que cette thématique ait pu être réellement abordée. Au moment de signer l’accord interprofessionnel finalement obtenu, le syndicat des éditeurs s’est dérobé. La raison ? Le texte final était assorti d’une promesse de poursuivre les négociations, avec comme objectif notoire l’amélioration des conditions de rémunération des artistes-auteurs.

Face à ce camouflet, le Ministère de la Culture considère la possibilité de rédiger une lettre de mission contraignant le SNE à négocier avec les représentants des auteurs, mais il ne fait rien !

Par son inaction et son incapacité à garantir un véritable dialogue social, le ministère de la Culture choisirait délibérément de condamner les auteurs et autrices (dont plus de 40% gagnent moins que le SMIC) à la précarité.

Il ne reste que quelques jours avant la fin du mandat de l’administration actuelle. La ministre de la Culture va-t-elle accepter que le SNE torpille neuf mois de négociations effectués sous son égide ? Pourtant, les éditeurs viennent de montrer que, quand ils le veuillent, ils sont tout à fait capables de négocier de meilleures conditions pour leurs partenaires au sein de la chaîne du Livre…

Tout comme l’ensemble les autres organisateurs d’auteurs et d’autrices ayant pris part aux négociations, la Ligue des Auteurs Professionnels demande à la ministre Roselyne Bachelot de prendre ses responsabilités !

 

Retrouvez les tribunes des auteurs et autrices :

Betty Piccioli – “Auteur : un parcours de la précarité ravagé par le Covid 19”, ActuaLitté, 20 avril 2020.

Adrien Tomas – “Moi, je voulais juste écrire”, Actualitté, 18 mars 2022.

L’Alliance des agents littéraires français (AALF) – “Face à un SNE trop dur, le besoin d’agents littéraires grandira pour les auteurs”, Actualitté, 18 mars 2022.

Thomas Fouchault – “Plus facile de négocier avec Deliveroo : Serait-il temps d’ubériser le SNE ?”, Actualitté, 19 mars 2022.

Manu Causse – “Mon travail d’auteur ? J’écris vite. Je compte bien. Et le compte n’y est pas”, Actualitté, 21 mars 2022.

Elisa Villebrun – “Dans quel secteur la difficulté est-elle si mal rétribuée? Aucun”, Actualitté, 22 mars 2022.

Christophe Hardy et Séverine Weiss, co-présidents du Conseil permanent des écrivains – “Il faut que les engagements pris envers les auteurs par Emmanuel Macron soient honorés avant la fin de son mandat”, Le Monde, 3 avril 2022.

Covid 19 : le monde du livre face à ses responsabilités

FIBD 2022. Crédit photo Anne Lacaud pour Sud-Ouest
FIBD 2022 : crédit photo Anne Lacaud pour Sud-Ouest
Communiqué de presse

Depuis le 14 mars 2022, le port du masque n’est plus obligatoire en intérieur sauf dans les transports collectifs de voyageurs et les établissements de santé. Une décision gouvernementale qui n’est pas sans conséquence sur les lieux culturels et lieux de rencontre, à l’image des festivals et salons littéraires. En effet, le Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême qui se tenait du 17 au 20 mars a subi de plein fouet les conséquences de cet assouplissement des mesures sanitaires, avec la création d’un cluster qui a touché de nombreux auteurs et autrices et de nombreux festivaliers et festivalières. Une « édition sans masques ni pass sanitaire » (ndlr : l’affiche officielle du FIBD) qui a eu de graves conséquences sur les participants de ce festival.

Malgré ce relâchement des pouvoirs publics concernant les gestes barrières, il est utile de rappeler que les contaminations au Covid 19 continuent de progresser en France, avec plus de 127 000 nouveaux cas par jour enregistrés en moyenne sur 7 jours. Le 27 mars, on comptabilisait 110 000 nouveaux cas supplémentaires en 24 heures. Les personnes les plus fragiles, personnes âgées, malades chroniques, avec des comorbidités sont une fois de plus mises en danger par cette remontée épidémique. Également, les effets du « Covid long » commencent à peine à être quantifiés et ont de graves conséquences sur l’ensemble des malades.

C’est dans ce contexte que la Ligue des Auteurs Professionnels incite les organisateurs de festivals et salons littéraires à prendre des mesures pour protéger les participants à leurs événements, et encourage d’autant plus les auteurs et autrices à redoubler de vigilance. Il est essentiel que chacun mesure les conséquences de son comportement individuel sur le collectif.

Pour les festivals et salons littéraires, nous encourageons la mise en place d’un protocole renforcé :

  • Incitation au port du masque envers tous les festivaliers ;
  • Distribution gratuite de masques FFP2 ;
  • Protocole fiable d’aération des espaces tout au long de la journée ;
  • Communication responsable autour des gestes barrières ;
  • Gel hydroalcoolique à disposition ;
  • Protection des personnes à risques.

Pour les auteurs et autrices, nous invitons à la responsabilité individuelle :

  • Test antigénique ou PCR effectué avant le départ ;
  • Port du masque lors des dédicaces et des interventions ;
  • Eviter les rassemblements lors des moments de restauration en intérieur ;
  • Eviter les contacts physiques.

Tous ensemble, nous pouvons limiter les risques et éviter la formation de nouveaux clusters dans les événements culturels, salons et festivals, si importants pour nos professions !

Le SNE ne doit plus se dérober !

Communiqué de presse

La Ligue des auteurs professionnels remercie Madame la Ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, d’avoir reçu ses représentants lors de sa visite au Festival d’Angoulême.

Nous avons pu lui exprimer notre déception quant à l’inaboutissement des négociations conduites depuis 9 mois entre le Syndicat National de l’Edition et les associations d’auteurs.

Au-delà des aménagements techniques en jeu dans l’accord, la question de la rémunération et du partage de la valeur doit être enfin traitée frontalement.

Report des demandes d’aides Covid du CNL au 25 mars !

Chères autrices, chers auteurs,

La deadline de dépôt des dossiers au Centre national du Livre pour l’aide exceptionnelle Covid 2ème semestre a été repoussée – à notre demande – au vendredi 25 mars 2022 !

Un webinaire d’information sur le dispositif sera organisé jeudi 17 mars entre 12h et 13h. Vous devez vous inscrire préalablement au lien suivant :

Pour information, de nombreux auteurs et autrices pensaient ne pas remplir les critères de cette aide et se trompaient !

VOUS AVEZ PROBABLEMENT DROIT D’Y ACCEDER !

Même si la perte de vos revenus ne concerne qu’un mois, vous pouvez demander cette aide !

Il y a un tutoriel détaillant toutes les étapes du dépôt de demande. Alors prenez le temps de voir comment ça marche, inscrivez-vous et faites la demande qui correspond à votre situation !

 

 

Le gouvernement a diminué par décret la protection sociale des artistes-auteurs et autrices qui en ont le plus besoin

Le gouvernement a diminué par décret la protection sociale des artistes-auteurs et autrices qui en ont le plus besoin

Nous, artistes-auteurs et autrices, sommes actuellement confrontés à une aggravation brutale de notre insécurité sociale : notre bouclier social spécifique vient d’être grandement affaibli et ce, alors que nous subissons toujours très fortement les effets de la crise sanitaire et que le parlement a voté la prise en compte de nos spécificités et le renforcement — et non l’amoindrissement — de notre protection sociale.

Le bouclier social du régime des artistes-auteurs consiste en la possibilité d’opter pour cotiser sur une assiette sociale forfaitaire dont le montant est supérieur au revenu effectivement perçu. Le but de cette surcotisation volontaire est de pouvoir maintenir nos droits sociaux malgré les aléas des revenus de la création artistique. Ce bouclier social vise à atténuer les effets de la grande variabilité des revenus de la création. Conjointement, la commission d’action sociale spécifique au régime des artistes-auteurs permet la prise en charge de tout ou partie du surcoût en cas de difficulté.

Or, le décret du 30 décembre 2021 baisse d’un tiers les droits forfaitaires et volontaires des artistes-auteurs, ce qui porte en particulier préjudice à celles et ceux qui ne bénéficient pas d’un autre régime de sécurité sociale. Par exemple, dès juillet 2022 le montant global du congé maternité sera diminué de plus de 700 € pour les artistes-autrices au forfait. Les indemnités journalières pour maladie baisseront de 33 % pour tous les artistes-auteurs au forfait. Les droits à la retraite des plus précaires seront également sévèrement affectés.

Au final, tous les droits sociaux forfaitaires des créatrices et des créateurs seront considérablement amoindris. Les conséquences à terme pour le secteur de la création sont évidentes : une précarité accrue ; des cessations d’activité artistique en augmentation ; des pensions de retraite en diminution ; des inégalités et des discriminations de genre, d’origine sociale, d’âge, etc. automatiquement et largement amplifiées…

Courant 2021, il avait été uniquement question de pérenniser une disposition déjà instaurée pendant la crise sanitaire : l’ouverture de nos indemnités journalières de sécurité sociale au seuil de 600 SMIC horaire. Cette mesure répond à une revendication que nous portons depuis longtemps.

Mais, le 30 décembre 2021, sous couvert d’abaisser le seuil d’ouverture des indemnités journalières, le gouvernement a promulgué en catimini un décret qui baisse d’un tiers le montant de notre assiette sociale forfaitaire volontaire fixée jusqu’à présent à 900 SMIC horaire. Cette attaque inédite d’un fondement essentiel et spécifique de notre protection sociale est inacceptable et hautement préjudiciable.

Ce décret, dont l’application serait rétroactive au titre de l’année 2021, n’a pas été examiné par le conseil d’État, n’a pas bénéficié d’une étude d’impact et n’a pas donné lieu à une concertation préalable avec les intéressés.

Ce décret inconséquent confond « assiette forfaitaire volontaire » et « seuils d’ouverture de droits ».

Le régime social des artistes-auteurs est rattaché au régime général de sécurité sociale pour les assurances sociales et les prestations familiales dans les mêmes conditions que les salariés.

Les différents seuils d’ouverture de droits du régime général et le montant de notre assiette forfaitaire volontaire sont deux choses distinctes. Il n’y a aucune corrélation ni par nature, ni de droit.

Notre assiette forfaitaire volontaire est constante depuis plus de 20 ans. En revanche, les taux et les seuils du régime général ont varié. Par exemple, depuis 2014, l’acquisition d’un trimestre pour la retraite est passée au seuil de 150 SMIC horaire au lieu de 200 pour tous les travailleurs rattachés au régime général, artistes-auteurs inclus ; en 2020, notre seuil d’ouverture du droit aux indemnités journalières a été abaissé à 600 SMIC horaire qui est le seuil des salariés aux professions discontinues. Ainsi, fort heureusement, notre assiette forfaitaire volontaire n’a pas diminué et les nouveaux seuils ou taux du régime général nous sont appliqués.

L’existence d’une assiette forfaitaire volontaire est une spécificité fondamentale du régime social des artistes-auteurs.

La fixation du montant de l’assiette forfaitaire volontaire est un choix politique ayant pour objet de garantir un plancher de droits sociaux aux créatrices et aux créateurs. Ce choix, qui concerne exclusivement les artistes-auteurs et autrices, est parfaitement indépendant des dispositions du régime général des salariés, notamment de ses conditions d’ouverture de tel ou tel droit social.

Le montant de 900 SMIC horaire n’a jamais correspondu à un seuil d’ouverture des indemnités journalières dans le régime général. Il correspond, pour le régime des artistes-auteurs, à un filet de sécurité spécifique : un plancher de droits sociaux en cas de revenus annuels trop faibles. Son objectif est de neutraliser la discontinuité des droits sociaux due à la précarité et l’irrégularité inhérentes aux revenus artistiques, de protéger les plus vulnérables et de maintenir un niveau décent de droits sociaux, notamment pour les artistes-auteurs et autrices dont l’activité professionnelle principale est la création artistique.

Nous demandons :

– Le respect de la mesure annoncée en mars 2021, donc la pérennisation du seuil d’ouverture de notre droit aux indemnités journalières à 600 SMIC horaire,
– Et le rétablissement immédiat de notre bouclier social, donc de notre assiette forfaitaire volontaire à 900 SMIC horaire.

Organisations signataires

La Ligue rappelle l’urgence d’agir contre toutes formes de violences intolérables

 

Plus de 7 mois après la sortie de l’enquête #MeToo: le patron d’une maison d’édition mis en cause parue dans Médiapart, le média d’information publie une nouvelle enquête dans laquelle, des femmes dénoncent des situations de violences psychologiques.

On y lit que l’actuel directeur de la maison d’édition Plon a été licencié pour faute grave, lorsqu’il était salarié chez Albin Michel, après avoir fait l’objet d’une enquête interne pour harcèlement moral.

La Ligue des auteurs professionnels souhaite apporter son soutien aux salariées et stagiaires qui ont eu le courage de s’exprimer pour briser enfin l’omerta sur ces dérives comportementales intolérables.

Cette nouvelle enquête étayée montre une nouvelle fois à quel point l’écosystème du livre est aussi frappé par un ensemble de problématiques psychosociales.

Il y a sept mois, nous avions appelé les pouvoirs publics à prendre de véritables mesures pour l’égalité femmes/homme et contre les violences sexistes et sexuelles dans les industries culturelles, et en particulier dans le secteur du livre

Si l’on note une prise de conscience de l’ensemble de la chaîne du livre concernant ces questions cruciales extrêmement graves qui touchent le milieu de l’édition, il y a urgence à agir rapidement et de façon concrète.

Nous souhaitons la mise en place de réels plans de lutte contre toutes les situations de violences (y compris sexistes et sexuelles) et contre les cas de harcèlements. Il faut repérer ces facteurs de risques psychosociaux et faire front commun pour en neutraliser les effets.

C’est dans ce but que la Ligue travaille avec d’autres organisations et partenaires institutionnels de la chaîne du livre. Elle encourage toutes les victimes et témoins à parler, se confier pour briser l’omerta en place. La Ligue pourra accueillir cette parole en toute discrétion et rediriger vers les meilleures compétences pour qu’un accompagnement psychologique et juridique soit mis en place sans délai.