Archives annuelles : 2018

La Ligue reçue par le Ministre de la Culture

La Ligue des auteurs professionnels a été reçue ce vendredi 14 décembre au Ministère de la Culture par Franck Riester, nouveau Ministre de la Culture.

La Ligue, représentée par Samantha Bailly, Denis Bajram et Benoît Peeters, a résumé les raisons de sa création puis a rappelé les différentes urgences sociales ainsi que les dysfonctionnements des réformes en cours. Depuis le 9 juillet dernier, les auteurs sont dans l’attente de la grande mission prospective sur leur avenir, annoncée par le Ministère de la Culture.

Des bouleversements aussi majeurs du régime social des auteurs ne peuvent avoir lieu sans une réflexion profonde sur les métiers créatifs aujourd’hui, mais surtout, de tels bouleversements ne peuvent avoir lieu sans les auteurs eux-mêmes.

L’association a défendu la nécessité de mesures fortes pour sauver les métiers des auteurs. Des mesures qui doivent avoir une ambition digne de ce que fut, en son temps, la loi sur le prix unique du livre. Remettre l’auteur au centre de l’économie du livre et revaloriser la place des créateurs au sein de l’exception culturelle française est une urgence sur tous les plans : social, économique et culturel. Si la défense du droit d’auteur, notamment au niveau européen, est une priorité pour la France, la Ligue a rappelé que le droit d’auteur devait protéger avant tout les auteurs.

Le Ministre a proposé de mettre en place un groupe de travail avec la Ligue et d’autres partenaires au sujet du statut social, des métiers et de la rémunération équitable des auteurs. La Ligue apprécie l’attention qui a été portée à son constat et l’intérêt montré pour les multiples hypothèses qu’elle est en train de développer. La Ligue des auteurs professionnels est convaincue qu’il est possible de construire un statut aussi ambitieux que protecteur pour l’auteur du XXIe siècle.

La Ligue espère que ce groupe de travail permettra d’avancer rapidement. Il est urgent de mettre en place des propositions concrètes, à l’heure où la précarisation des auteurs s’accentue de façon rapide : 41% des auteurs professionnels vivent avec moins que le SMIC1.

La Ligue remercie monsieur le Ministre de la Culture de son écoute, et est impatiente de travailler avec le Ministère à un avenir meilleur pour les auteurs.

Notes

1Seulement 59% des 8000 auteurs du livre affiliés AGESSA gagnent plus d’un SMIC en droits d’auteur. Ministère de la Culture, Étude sur la situation économique et sociale des auteurs du livre – Résumé DGMIC, 2017. PDF p. 24

On a sauvé le livre

Passionnante websérie d’anticipation : en  2028, des acteurs de la chaîne du livre reviennent sur comment, en 2018, on a sauvé le livre. En huit épisodes, illustrateur, libraire, bibliothécaire, organisateur de salon, éditrice, autrice et diffuseuse expliquent ce que ça a changé.

La Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse a une manière optimiste de parler des graves problèmes qui menacent le livre aujourd’hui, et en particulier les auteurs. La Ligue de auteurs professionnels, dont La Charte est une des organisations fondatrices, ne peut que s’associer à cet optimisme : ensemble, nous pouvons encore sauver le livre de demain.

https://www.youtube.com/watch?v=uKdIEd_ovh8

Le communiqué de La Charte :

“On a sauvé le livre”

La nouvelle websérie dystopique de la Charte

L’année dernière, la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse frappait fort avec sa websérie parodique Dans la peau d’un auteur jeunesse. Objectif ? Alerter le grand public sur la réalité des auteur.ice.s jeunesse et jeter un pavé dans la mare de l’édition. Mission accomplie : plus de 300 000 vues, une couverture presse exhaustive et des réactions tantôt bienveillantes, tantôt exacerbées. Mais le nécessaire débat sur la répartition de la valeur au sein de la chaîne du livre était lancé.

Un long travail d’enquête

Un an plus tard, tous les voyants sont au rouge. L’urgence sociale est plus inquiétante que jamais, chacun.e convient que le modèle économique actuel va dans le mur et pourtant… rien ne bouge. Pour accélérer la mise en œuvre de solutions, la Charte a décidé de prendre le problème à bras-le-corps et est allée interroger ses partenaires – maisons d’édition, librairies, bibliothèques, etc. –, pour leur poser les questions suivantes : quels sont les principaux problèmes que vous rencontrez ? À qui la faute ? Et surtout, quelles solutions envisager ?

Une campagne vidéo

La Charte adopte donc cette année un angle optimiste en imaginant un futur proche où tout aurait changé – pour le meilleur. Avec aux manettes la même équipe que l’année dernière – Clément Vallos à la réalisation, et la commission vidéo de la Charte au scénario –, huit capsules vidéo sont tournées. Huit films qui retranscrivent les réponses collectées par la commission vidéo de la Charte, au cours de plusieurs mois d’enquête. Dépassant le simple cadre documentaire, la websérie, intitulée On a sauvé le livre, présente des héros et héroïnes ordinaires, alerté.e.s par le choc de L’enterrement du livre de demain – événement parodique organisé par la Charte et d’autres associations au Palais Royal en juillet 2018. Elle questionne tou.te.s les acteur.ice.s de la chaîne du livre : et vous, que comptez-vous faire ?

Un constat partagé

Économie de flux, surproduction ou encore méconnaissance de la réalité de chacun.e, etc. Si les problèmes évoqués sont multiples, ils se recoupent souvent, quel que soit le corps de métier. À ce titre, il n’est pas anodin que le grand absent de ce travail d’enquête – parce qu’opaque, complexe et difficilement accessible – reste la distribution pourtant souvent pointée du doigt par tou.te.s les autres intervenant.e.s.
Surtout, un même mot d’ordre revient : ce n’est qu’ensemble qu’on pourra sauver le livre. Seul.e.s, les auteur.ice.s ne sauraient influer sur l’ensemble d’un modèle économique. La balle est aujourd’hui dans le camp de nos partenaires.
Avec cette campagne, la Charte invite donc au dialogue. Et espère que les instances représentatives des autres métiers du livre sauront entendre cet appel à collaborer.

Une diffusion virale : #SauvonsLeLivre

La diffusion des huit films se déroule en amont et pendant le SLPJ de Montreuil :

  • 21 novembre, diffusion de l’épisode illustrateur
  • 22 novembre, diffusion de l’épisode libraire
  • 23 novembre, diffusion de l’épisode bibliothécaire
  • 26 novembre, diffusion de l’épisode lectrice
  • 27 novembre, diffusion de l’épisode organisateur de salon
  • 28 novembre, diffusion de l’épisode éditrice le jour inaugural du SLPJ
  • 29 novembre, diffusion de l’épisode autrice
  • 30 novembre, diffusion de l’épisode diffuseuse

Et pour nous suivre et nous relayer, un hashtag #SauvonsLeLivre

Retrouvez nos vidéos sur :

Contacts

  • Guillaume Nail, chargé du projet, par email
  • Isabelle Dubois, chargée de communication au 01 42 81 19 93 / par email
  • Téléchargez le communiqué de presse.
  • Les vidéos sont disponibles sur demande, ainsi que les photos du tournage.
  • N’hésitez pas à nous contacter pour tout renseignement.

Cette websérie est rendue possible grâce au soutien financier de l’ADAGP et de la Copie privée.

CSG : l’État bricole, les auteurs le payent

Une nouvelle réunion entre les Ministères de la Culture et des Affaires sociales et les artistes-auteurs confirme l’échec de la concertation promise. Obtenue après que les auteurs ont tiré le signal d’alarme l’année dernière, cette concertation représentait un véritable espoir d’être entendus et de mener les réformes en bonne intelligence. Hélas, durant cinq mois, les artistes-auteurs n’ont été que très partiellement informés de décisions prises de façon unilatérale par les pouvoirs publics. La réunion d’hier a confirmé les pires craintes de la Ligue.

Après cette réunion, il faut acter que « l’aide » censée compenser les 0,95% de la CSG restant à la charge des artistes-auteurs relève d’un bricolage inquiétant. Il a été justifié par un manque de moyens des services, ce qui est plus inquiétant encore.

L’aide ne correspond pas réellement à la hausse de la CSG. La compensation 2018 est basée sur les revenus 2016-2017. Elle ne correspond donc pas à la hausse de la CSG perçue en 2018. C’est plus qu’approximatif, compte tenu des grandes fluctuations des revenus des artistes-auteurs.

L’aide est imposable. En effet, les Ministères ont confirmé que l’aide relève, fiscalement, du droit d’auteur. Dans l’esprit, un mécanisme de compensation de la CSG imposable est une aberration. Dans les faits, tous les auteurs imposables ne seront donc que partiellement compensés.

Les assujettis sont exclus de l’aide en 2018, le décret ne concernant que les affiliés. Sont donc exclus aujourd’hui les auteurs ayant un autre métier, mais aussi tous ceux qui sont trop pauvres pour être affiliés. Ces derniers connaîtront donc une baisse de près d’1% de leur pouvoir d’achat, sans parler des hausses de cotisations retraite de 6,9% qui arriveront de pair pour eux au 1er janvier 2019. C’est un véritable scandale social.

Beaucoup d’affiliés ne seront pas compensés, le dispositif reposant sur une démarche volontaire des artistes-auteurs. Aujourd’hui, selon les chiffres communiqués, seulement 15 600 des 49 000 artistes-auteurs éligibles au dispositif de compensation de la CSG en ont fait la demande. Les organisations d’auteurs savent que beaucoup d’affiliés attendent toujours d’avoir accès au formulaire. Enfin, une très mauvaise campagne d’information fait que beaucoup ne savent même pas qu’ils y ont droit et qu’ils doivent impérativement faire leur demande avant le 31 décembre 2018. L’administration a précisé qu’un délai pourrait être observé, mais ces paroles sont en contradiction avec les messages que reçoivent les auteurs.

Cette compensation mal faite est une bonne affaire pour l’État. Vu le peu d’affiliés compensés, seuls 2 millions d’euros sur les 18 millions débloqués pour cela ont pour l’instant été versés ! Le reste de l’argent retournera au budget de l’État sans être fléché vers les artistes-auteurs.

Pour 2019, toujours pas de mécanisme pérenne. Ce sera le même système. Entre temps, les assujettis AGESSA seront désormais précomptés. Ils pourront, sur justification avec certificats de précompte et démarche volontaire, demander leur compensation de la CSG. Combien le feront, compte tenu de la complexité de la démarche et du manque d’informations ?

Pour 2020, un mécanisme qui se voudrait pérenne. Vraiment ? Le principe retenu est une prise en charge d’une fraction des cotisations vieillesse de base, supposée être automatique compte tenu du basculement du recouvrement à l’URSSAF. Mais en parallèle, se prépare la fusion des régimes de retraite dans un système universel. Les auteurs vont-ils subir une nouvelle fois les dommages collatéraux de réformes transversales qui ne prennent pas en compte la spécificité des droits d’auteur ?

Ce bricolage permanent est plus qu’inquiétant pour la réforme en cours de la Sécurité sociale des artistes-auteurs. La réforme, conduite à marche forcée sans vraie concertation et laissant de nombreux points dans le flou, s’avère d’ores et déjà inapplicable aux dates annoncées. Ainsi, nous l’avons appris lors de cette réunion, le recouvrement des cotisations ne basculera totalement vers l’URSSAF qu’en 2020. Le portail artistes-auteurs de l’URSSAF censé remplacer celui de l’Agessa/MDA n’ouvrira donc pas en 2019. Et ce contrairement à toutes les déclarations faites jusqu’ici. La Ligue reviendra sur cette réforme de la Sécurité sociale des artistes-auteurs après la prochaine réunion avec les Ministères, le 4 décembre, qui y sera consacrée. Mais la confusion est totale.

La Ligue des auteurs professionnels est scandalisée du sort réservé aux auteurs. Oubliés de la compensation de la CSG, leurs organisations ont dû aller chercher celle-ci au forceps auprès des pouvoirs publics. Les auteurs ont dû ensuite accepter de ne pas avoir droit à la hausse de pouvoir d’achat accordée, elle, aux salariés. Il s’avère aujourd’hui que, pour les plus aisés comme pour les plus pauvres, cette compensation ne sera au mieux que partielle. Et que seuls y auront droit ceux qui auront la chance d’être au courant.

La suite des réformes ne peut se dérouler de cette manière. Les Ministères doivent cesser d’apporter de mauvaises réponses aux problèmes réels des auteurs de livre. Il est plus qu’urgent de remplacer ces réunions d’information par une véritable concertation. Il est indispensable de lancer la grande mission prospective promise depuis le 9 juillet 2018. Les organisations professionnelles avaient proposé de suspendre les réformes, le temps de bien les préparer ensemble. Elles n’ont pas été entendues.

Nous ne pouvons croire que les Ministères veulent nuire aux artistes-auteurs. Mais alors, comment interpréter les bricolages qui nous sont proposés : précipitation ? Incompétence ? Mépris ?

Il est temps que les services et les pouvoirs publics prennent la mesure de la situation.

 

Les éditeurs ignorent-ils la situation des auteurs ?

Les propos d’une grande éditrice lors de l’émission Boomerang sur France Inter ont fait réagir de nombreux auteurs, d’autant plus que ces propos ont été relayés ensuite par le Syndicat National de l’Édition. Interrogée sur le fait que l’auteur soit le plus précarisé dans la chaîne du livre, elle répondait ne pas comprendre et que les auteurs se trompent.

La Ligue des auteurs professionnels s’est créée face à l’urgence sociale sans précédent que traverse la profession des auteurs du livre. Chaque jour démontre davantage à quel point les éditeurs ignorent la situation dans laquelle les auteurs se trouvent.

Aujourd’hui, selon les enquêtes, entre 41% et 53% des auteurs professionnels vivent avec moins que le SMIC, les revenus se dégradent, les perspectives d’avenir sont moindres en particulier pour les jeunes et les femmes. Au 1er janvier 2019, le régime social des auteurs va subir des bouleversements majeurs ayant des impacts considérables sur la possibilité d’exercer ce métier.

Les éditeurs, qui dépeignent la relation auteur/éditeur comme un partenariat, doivent en effet se tenir au fait de la situation dans laquelle se trouvent leurs partenaires. Les maisons d’édition sont donc directement concernées par la Ligue des auteurs professionnels et son travail. Nous les invitons à lire le constat, document d’analyse inédit faisant un état des lieux économique, social, financier et juridique de la profession d’auteur du livre.

La Ligue des auteurs professionnels, par ce travail de recherche et son mouvement de revendication, entend faire prendre conscience à l’ensemble de la chaîne du livre du besoin urgent de réagir à la situation dans laquelle se trouvent les autrices et les auteurs. Il est vital que la chaîne du livre comme les pouvoirs publics se penchent sur des solutions pour préserver un métier qui est à la base du rayonnement et du dynamisme culturel français.

Compensation de la CSG : mais que se passe-t-il ?

Rappel des faits

Mesure phare du programme présidentiel d’Emmanuel Macron, l’augmentation de 1.7% de la CSG avait pour but de transférer une partie du financement de la protection sociale des revenus du travail vers les autres types de revenus. À ce titre, il avait été promis une compensation de la CSG à tous les actifs. Lors de l’été 2017, les organisations d’auteurs se sont hélas aperçues que les artistes-auteurs avaient été oubliés par cette réforme. En effet, aucun des principes de compensation choisis, par exemple la suppression sur les salaires des cotisations chômage et maladie, n’était applicable aux auteurs. Seuls 0,75% était récupérable sur la cotisation maladie, mais sans chômage pour les artistes-auteurs, il manquait donc encore 0,95% à l’appel.

En octobre 2017, la Ministre de la Culture promettait en personne une compensation1, promesse confirmée devant les députés début novembre2. À la fin du mois, on apprenait que cette compensation passerait par une subvention nommée “mesure de garantie du pouvoir d’achat” versée via l’Agessa et la Maison des Artistes3.

Les auteurs étaient à moitié satisfaits : n’était-il pas étrange que ce soit au budget du Ministère de la Culture de financer la hausse de la CSG des créateurs ? De plus, comment justifier que les artistes-auteurs ne soient que compensés au centime près, là où les salariés allaient voir leur pouvoir d’achat croître de 1,45% ? Enfin, qu’en était-il de la compensation de la CSG pour tous les autres auteurs et artistes non affiliés à l’Agessa/MDA ? En particulier ceux déjà trop pauvres pour être affiliés ?

Face à la pression des organisations d’auteurs et juste avant la tenue de leurs États Généraux du Livre, le décret mettant en œuvre cette compensation fut enfin publié en mai 20184. Mais, hélas, il ne répondait à aucune de ces questions. Les organisations d’auteurs comme d’artistes ont dû à nouveau réitérer leurs inquiétudes auprès de l’Agessa, de la MDA et des ministères concernés. Cette nouvelle mobilisation5 a entraîné la création d’une mission conjointe de l’Inspection générale des affaire sociales et de celle des affaires culturelles (IGAS/IGAC)6.

Aujourd’hui, une compensation bien discrète et incomplète

Aujourd’hui, les organisations d’auteurs découvrent en même temps que tout le monde l’application de cette compensation. La Ligue s’étonne en particulier  de plusieurs choses :

  • Il y a urgence : ces démarches sont a effectuer avant le 31 décembre 2018.
  • Ce dispositif n’est pas automatique, il repose donc sur la démarche volontaire des auteurs et le fait qu’ils soient au courant.
  • Aucune information d’envergure n’a été faite : certains auteurs ont reçu un mail d’information, d’autres non.
  • L’année 2018 n’étant pas terminée, l’ensemble des revenus d’un artiste-auteur n’est donc pas connu. Comment cette aide pourrait-elle correspondre à une compensation exacte de la hausse de la CSG en 2018 ?7
  • Quelle est la nature fiscale de cette “aide” ? Agessa/MDA ne le précisent pas. Faudra-t-il la déclarer ou pas ? Et si oui, comment et avec quel impact ?
  • Ce dispositif est accessible dans l’espace AGESSA ET MDA, sous la mention de “mesure de soutien”, une nouvelle entrée bien peu visible ni compréhensible.
  • Beaucoup d’auteurs vivent mal le vocabulaire employé. Est-il adroit d’utiliser les termes de “soutien” ou “aide” pour ce qui n’est que la compensation légitime de la CSG prévue pour tous les actifs (sans gain de pouvoir d’achat contrairement aux salariés).
  • La mesure de soutien apparaît sur certains comptes, pas sur d’autres, sans aucune explication, entretenant le flou. Les auteurs qui ne se la voient pas proposer doivent-ils faire une réclamation ?
  • Les auteurs rencontrent de nombreux bugs lorsqu’ils entrent leurs informations pour récupérer l’argent, notamment “Le nom du titulaire ne correspond pas à votre dossier.” (Il semblerait qu’il ne faille en fait saisir que le nom du titulaire du compte en banque, sans le prénom)
  • Il faut donc avoir un compte sur le site Agessa ou MDA. Quid des artistes auteurs assujettis ? Rappelons que dans le livre, on compte environ 100 000 auteurs, dont seulement environ 5000 affiliés8. Doivent-ils perdre définitivement tout espoir de voir la hausse de la CSG compensée pour 2018 ? Y compris pour les plus précaires d’entre eux ?

Les organisations d’auteurs, qui ont pourtant porté l’exigence d’une compensation complète de la CSG pour tous, ne demandaient qu’à accompagner sa mise en place pour qu’elle se passe au mieux. Pourtant, elles ont encore une fois été tenues à l’écart. Aujourd’hui, dans l’urgence, elles se retrouvent à devoir communiquer à la place de l’Agessa et de la MDA, et à devoir venir en aide à leurs adhérents et à l’ensemble des auteurs.

Demain ?

Le rapport IGAS/IGAC préconisant le dispositif de compensation pérenne de la CSG à partir de 2019 était supposé être communiqué en juillet. À ce jour, ce rapport n’a toujours pas été diffusé.

Cela laisse à penser que malgré les concertations en cours, tout est décidé pour janvier 2019, et que des milliers d’auteurs et d’artistes vont se retrouver face à des difficultés majeures dès l’année prochaine. Il est plus qu’urgent que les pouvoir publics veillent à ce que les auteurs soient non seulement écoutés, mais impliqués réellement dans toutes les réformes qui les concernent.

Le 9 juillet dernier, le Ministère de la Culture annonçait une mission d’envergure sur l’avenir du statut social des auteurs. Pour que cessent des bricolages approximatifs, et que les auteurs puissent obtenir un suivi à la hauteur de ce qu’ils représentent, la Ligue des auteurs professionnels demande que cette mission soit créée de toute urgence : elle devra réfléchir au cadre légal, fiscal et social dont a besoin l’auteur d’aujourd’hui et de demain.

Notes

Auteurs : le constat

Les auteurs de livres ne possèdent pas vraiment de statut professionnel. Pourtant leur travail alimente une filière de plus de 80 000 personnes, des éditeurs aux libraires.

Ils sont les créateurs, ceux sans qui rien n’existerait, et pourtant ils restent la variable d’ajustement : la moitié d’entre eux vit avec moins que le smic.

Leur situation ne cesse de se dégrader. Les gouvernements successifs, sans y prendre garde, malmènent les auteurs, les placent dans des cases inadaptées, augmentent leurs cotisations au moment où leurs revenus baissent.

La propriété intellectuelle est un enjeu majeur du XXIème siècle et la France ignore ses auteurs. Le déclin de la création littéraire aura des répercussions sur l’ensemble du secteur culturel : c’est aussi un choix de civilisation.

Un constat détaillé, précis, de la situation a été dressé par la Ligue des auteurs professionnels. Il est dès maintenant disponible en ligne et en téléchargement.

Auteurs, adhérez !


La Ligue des auteurs professionnels a pour but de défendre le métier d’auteur de livres. Les adhésions sont maintenant ouvertes à tout auteur francophone ayant publié au moins un livre1.

La cotisation est fixée à 5 euros. C’est une cotisation de soutien aux activités naissantes de l’association. Son paiement se fait en ligne sur le site Paypal (même sans compte Paypal, avec une simple carte bancaire). Le tout prend 5 minutes.

Prévoyez un peu plus de temps pour lire la Charte d’adhésion et le Constat sur le Statut d’auteur. Mais, si vous êtes auteur, vous savez que nos métiers sont menacés, et qu’ils méritent donc bien ce petit investissement. Ensemble, informés et déterminés, les auteurs peuvent changer leur avenir.

Notes

1Voir le formulaire d’adhésion pour plus de précision.

La Guilde salue la Ligue

La Guilde Française des Scénaristes a salué la création de la Ligue des Auteurs Professionnels. La Guilde est l’unique syndicat professionnel dédié à la défense des intérêts artistiques, contractuels et financiers des scénaristes en France. Ses représentants étaient hier à l’assemblée générale fondatrice de la Ligue. Les auteurs du livre et de l’audiovisuel partagent beaucoup créativement et nombre d’entre eux écrivent pour les deux secteurs. Les auteurs du livre et de l’audiovisuel sont donc concernés par la même nécessité de défendre leurs métiers, par les mêmes questions sociales et fiscales et par les mêmes inquiétudes au sujet de leur avenir et de leur statut commun d’auteur.

En travaillant dès le départ en concertation avec la La Guilde Française des Scénaristes, la Ligue des auteurs professionnels compte faire tout son possible pour proposer une réforme du statut des auteurs qui renforce et protège les pratiques de tous les auteurs en France.

La Guilde française des scénaristes salue la création de la ligue des auteurs professionnels

La Guilde française des scénaristes salue la naissance ce jour de la Ligue des auteurs professionnels. Cette création fait suite à l’ouverture, par le Ministère de la Culture et le Ministère des solidarités et dela santé, d’une concertation sur les réformes sociales et fiscales qui toucheront très bientôt les auteurs et les artistes – AGESSNMDA, CSG, prélèvement à la source.

Constatant les importantes difficultés à faire appliquer ces réformes aux auteurs, la Ministre de la culture s’est également engagée cet été au lancement d’une mission prospective sur l’avenir du statut des auteurs.

La Ligue des auteurs professionnels entend proposer prochainement un constat de la situation et différentes hypothèses de statut pour les auteurs de livres.

La Guilde française des scénaristes, rencontrant des difficultés similaires, a entamé une réflexion pour protéger et encadrer le travail des scénaristes. Elle entend à ce titre s’investir aux côtés de la Ligue des auteurs professionnels afin de trouver des solutions adaptées aux différents secteurs pour faire évoluer le statut d’auteur vers plus de protection et de reconnaissance.

La Guilde

Création de la Ligue des auteurs professionnels

Ce jeudi 6 septembre 2018 se sont réunis, dans la maison où vécut Balzac, des auteurs de tous les horizons : littérature générale, littérature jeunesse, bande dessinée, polar, romance… Des jeunes auteurs faisant leurs premiers pas dans le monde de l’édition aux auteurs de best-sellers ayant marqué ces dernières décennies, tous ont décidé de s’unir pour prendre leur destin collectif en main.

La Ligue des Auteurs Professionnels est née sous l’impulsion de la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse et des États Généraux de la Bande Dessinée, mais aussi de Joann Sfar, Tatiana de Rosnay, Marie-Aude Murail, Agnès Ledig, Virginie Grimaldi, Erik L’homme, Denis Bajram, Samantha Bailly, Benoit Peeters, Gaëlle Nohant, Maliki, Delphine Bertholon, Cy, Valérie Mangin, Christophe Arleston, Xavier Dorison, Sophie Adriansen, Aurélie Neyret, Mathou, Nicolas Digard, Audrey Alwett, Michel Robert, Léa Frédeval, Marie Spénale, Joris Chamblain, Sophie Dieuaide, Guillaume Nail, Alexis Sentenac, Adrien Thomas, Baptiste Beaulieu ainsi que de tous les auteurs et organisations d’auteurs qui sont en train de les rejoindre.

La Ligue des Auteurs Professionnels est donc le rassemblement inédit d’un collectif d’auteurs et d’une fédération d’organisations. Tous se liguent pour sauvegarder le métier et améliorer les conditions de création de tous les auteurs : protection sociale, rémunération, renforcement du droit d’auteur, encadrement par le code du travail, rééquilibrage du rapport auteur/éditeur…

Depuis plusieurs années, les organisations d’auteurs tirent la sonnette d’alarme : la situation des auteurs du livre se dégrade en France. Les études se multiplient, montrant qu’entre 41%1 et 53%2 des professionnels gagnent moins que le SMIC et que leurs revenus continuent de baisser, en particulier pour les plus jeunes3. Lors des États Généraux du Livre4, les incompréhensions entre les auteurs et les pouvoirs publics sont devenues évidentes. En parallèle, les mouvements #PayeTonAuteur5 et #AuteursEnColère ont révélé au grand public la crise que traversent les auteurs.

Face à ces inquiétudes, le Ministère de la Culture et le Ministère des solidarités et de la santé ont ouvert de juillet à décembre une concertation sur les réformes sociales et fiscales qui toucheront très bientôt les auteurs et les artistes : AGESSA/MDA, CSG, prélèvement à la source…

Pour la Ligue des Auteurs Professionnels, il est urgent de construire les changements qui permettront de sauver un métier en grand danger. Le livre est un lieu de liberté, d’invention et d’expérimentation. La création d’un livre peut se faire avec des investissements limités, ce qui permet de prendre beaucoup de risques créatifs. Cela fait de l’édition le laboratoire de recherche et de développement de toutes les autres industries culturelles, audiovisuelles et ludiques plus coûteuses. Rien que pour cela, et parce qu’une économie entière repose sur la richesse de la création littéraire, il est essentiel de protéger ceux qui écrivent, dessinent et traduisent les livres.

La Ministre de la Culture s’est engagée cet été au lancement d’une mission prospective sur l’avenir du statut des auteurs. La Ligue des auteurs professionnels a d’ores et déjà entamé un important travail d’analyse et de consultation. Elle proposera très bientôt sur son site6 un constat de la situation et différentes hypothèses de statut pour les auteurs, explorant les points positifs et négatifs de chacune. Ces hypothèses partent aussi du principe que l’État et les éditeurs seront prêts à s’engager fortement dans une réforme protégeant la création française dans sa diversité.

C’est donc pour réfléchir ensemble et inventer de vraies solutions pour l’avenir que se créé aujourd’hui la Ligue des auteurs professionnels. Et c’est pour ça qu’elle invite tous les auteurs et les organisations d’auteurs à la rejoindre pour enfin créer un statut de l’auteur professionnel. Et ce n’est qu’un début : les auteurs ont le droit et le devoir d’écrire et de dessiner leur avenir.

 

Les fondateurs de la Ligue des auteurs professionnels.

 

Notes

1Seulement 59% des 8000 auteurs du livre affiliés AGESSA gagnent plus d’un SMIC en droits d’auteur.
Ministère de la Culture, Étude sur la situation économique et sociale des auteurs du livre – Résumé DGMIC, 2017.
PDF p. 24

2Seulement 47% des 1500 auteurs de BD à avoir répondu gagnent plus d’un SMIC brut et 36% sont sous le seuil de pauvreté.
États Généraux de la Bande Dessinée, Enquête auteurs 2016 – Résultats statistiques, 2016.
PDF p. 37

3« Les générations les plus récentes ont de moindres perspectives de progression de leur revenu d’auteur que les générations antérieures […] Quelle que soit l’approche, les données indiquent donc une baisse du revenu d’auteur des affiliés du livre sur la période récente »
Ministère de la Culture, Étude sur la situation économique et sociale des auteurs du livre – Résumé DGMIC, 2017.
PDF p. 33-35

4Site des États généraux du livre : www.auteursencolere.fr

5Site de #PayeTonAuteur : www.payetonauteur.com

6Site de la Ligue des auteurs professionnels : ligue.auteurs.pro